Kurdistan : le conflit sur l’eau au coeur des tensions

Barrage d'Atatürk en Turquie sur l'Euphrate

Benoit Biteau a participé à une journée de réflexion sur la question « De l’Union européenne, de la Turquie, du Moyen-Orient et des Kurdes » organisée par des organisations politiques et sociales kurdes et turques au Parlement européen. L’occasion de débattre d’une problématique centrale dans cette région : l’eau et sa gestion. 

Depuis des décennies, les populations kurdes de l’est de la Turquie font face à une répression très violente. La question de la gestion de l’eau est au cœur des tensions au Moyen-Orient même si elle est rarement abordée par les médias en Europe. Dans les années 1970, la Turquie a construit dans le barrage Atatürk ; une retenue d’eau gigantesque sur l’Euphrate, qui permet de réduire fortement les eaux qui parviennent vers la Syrie et l’Irak. Un autre barrage, celui d’Illusi, sur le Tigre a été finalisé en 2018. Il donne les moyens à la Turquie de couper le robinet et de priver les populations irakiennes de l’eau dont elles ont besoin pour vivre, pour irriguer et pour développer d’autres activités économiques.

Des millions de kurdes ont été déplacés de ces vallées. Les manifestations de défense de l’environnement sont sévèrement réprimées par le gouvernement d’Erdogan.

Le Kurdistan est depuis la fin de la Première Guerre mondiale, découpé entre la Turquie, la Syrie, l’Irak et l’Iran. Le Mont Ararat et les monts Zagros sont le château d’eau de toute cette zone. Ces régions ont subi des sécheresses récurrentes et de plus en plus sévères, qui ont contraints des centaines de milliers de paysans à quitter leur terre. Cet exode massif a exacerbé les tensions entre les différentes communautés, entre les différents peuples avant de basculer dans une guerre sans pitié.

Dans cette région, le gaz et le pétrole ne sont pas les seules ressources convoitées. L’eau l’est plus encore car elle est vitale au sens propre du mot : sans eau la vie n’est plus possible. Dans d’autres régions du monde, les tensions montent entre les états pour le contrôle de l’approvisionnement en eau. L’Egypte et le Soudan ne parviennent pas à s’entendre. La Chine maintient une main de fer sur le Tibet d’où viennent les eaux qui irriguent les rizières distantes de plusieurs milliers de kilomètres.

Ces conflits montrent l’importance de gérer collectivement les ressources et de définir des priorités. L’eau devient un enjeu, source de tensions. Nous devons nous en préoccuper dès aujourd’hui. Malheureusement, la réforme de la PAC qui se profile n’apporte aucune réponse cohérente à ce problème.

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