Alors que le monde paysan traverse une crise d’une intensité inédite, exacerbée par les effets destructeurs du dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité, nous, Député·es et Sénateur·ice·s Écologistes, dénonçons l’irresponsabilité du Gouvernement qui a déposé ce matin au Sénat un amendement visant à amputer de près de 300 millions d’euros supplémentaires le budget alloué à l’agriculture, déjà gravement mis à mal, notamment sur la planification écologique
Cet amendement, introduit le jour-même de l’examen de la mission « agriculture, alimentation et affaires rurales », trahit un mépris insoutenable à l’égard du débat démocratique. Aucune indication précise n’est donnée quant aux lignes budgétaires qui seraient amputées, jetant ainsi le secteur agricole dans une incertitude préoccupante et renforçant le sentiment d’abandon ressenti par ses acteurs, seulement quelques mois après que de nombreuses fermes aient été touchées par une grave crise sanitaire.
Ce choix politique accentue le mouvement de rétropédalage d’une gravité extrême amorcé par le précédent Gouvernement alors même que le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité menacent directement la productivité agricole et les revenus des agriculteurs. Le Projet de Loi de Finances pour 2025 suscitait, dès son dépôt, des inquiétudes légitimes. Les crédits consacrés à l’écologie au sein de la mission agriculture avaient été considérablement réduits. Un tiers des crédits alloués à la sortie des pesticides avaient été arrachés et le plan haies, pourtant indispensable à la préservation des écosystèmes et à la gestion durable des sols, avait vu son enveloppe passer de 110 à 30 millions d’euros.
Cette nouvelle réduction budgétaire fait écho à la Proposition de Loi Duplomb, bientôt examinée au Sénat, qui incarne un véritable condensé des pires revendications portées par le lobby de l’agrochimie. De la défense acharnée des pesticides à la promotion des mégabassines, en passant par la mise en péril de l’Office Français de la Biodiversité et le soutien à l’élevage intensif, cette proposition entérinait déjà les dérives d’un modèle agricole dépassé.
En proposant cet amendement, fort heureusement rejeté, le Gouvernement s’acharne à prolonger les errances d’un modèle agricole obsolète et nuisible, à rebours des enjeux actuels. Alors que les agriculteurs sont en première ligne face aux conséquences du dérèglement climatique et des crises économiques, il est de notre devoir collectif d’investir dans un avenir durable pour préserver la souveraineté alimentaire, la biodiversité et les moyens de subsistance des générations à venir. Nous appelons par conséquent, avec gravité et détermination, le gouvernement et ses soutiens à rejeter toute tentative de remettre sur la table cette proposition désastreuse dans le cadre de la suite de la navette parlementaire.
Benoît Biteau, Député de Charente-Maritime
Daniel Salmon, Sénateur d’lle-et-Vilaine
Marie Pochon, Députée de la Drôme