Communiqué de presse – 29 septembre 2022 à Bruxelles,
« Les scientifiques favorables à la déréglementation des OGM sont empêtrés dans des conflits d’intérêts »
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« Derrière l’écran de fumée » le nouveau rapport commandé par les Verts/ALE révèle qu’un grand nombre de scientifiques impliqués dans des organisations au niveau de l’UE prônant la déréglementation de certains organismes génétiquement modifiés (OGM) ont des liens étroits avec l’industrie des semences et détiennent des brevets ou des demandes de brevets dans ce domaine.
Le rapport décrit les activités de lobbying pro-OGM de l’Association européenne des sciences végétales (EPSO), de l’Académie européenne des sciences et des humanités (ALLEA) et du Réseau européen pour une agriculture durable par l’édition du génome (EU-SAGE).
L’étude constate notamment que trente-sept des cinquante-huit membres (soit 64%) du groupe de travail de l’EPSO sur les technologies agricoles — qui élabore des avis dans ce domaine pour l’ensemble de l’EPSO — ont un intérêt direct dans la commercialisation des OGM, ce qui signifie qu’ils peuvent en bénéficier financièrement ou en termes d’évolution de carrière, soit personnellement, soit par l’intermédiaire de leur organisation.
Soixante-trois (soit 32 %) des deux cents membres du réseau EU-SAGE ont également un intérêt direct dans la commercialisation des OGM. Enfin, deux des
quatre auteurs d’un rapport d’ALLEA prônant la déréglementation des OGM ont un intérêt direct dans la commercialisation des OGM en détenant des brevets ou des demandes de brevets sur des procédés ou des produits GM.
Benoît Biteau, paysan, agronome et député européen Verts/ALE, vice-président de la Commission Agriculture :
«Les remparts établis en matière de réglementation sur les organismes génétiquement modifiés par l’Union Européenne se fragilisent considérablement à la veille d’une proposition de la commission européenne sur les nouveaux OGM. Manipuler la science, corrompre nos démocraties, dévaster notre environnement et notre santé, les multinationales de l’agrochimie et des biotechnologies sont prêtes à tout pour gonfler leurs profits.
En se faisant, les avocats des biotechnologies afin de servir au mieux leurs intérêts personnels, ces pseudos-scientifiques, bardés de diplômes, jettent un discrédit sur la science en général. Ces conflits d’intérêts font un tort considérable à l’ensemble de la communauté scientifique.
Dans le contexte actuel de réchauffement climatique, l’agriculture, les paysan·nes ont besoin d’une connaissance scientifique renouvelée que les industriels, BASF en tête, est incapable de fournir. Nous avons besoin d’une science de la nature qui nous permet de mieux comprendre les sols, qui soit en mesure d’augmenter le stockage du carbone et de réduire les émissions de gaz à effet de
serre. La Commission européenne ne doit pas céder face aux lobbys. Elle doit maintenir la législation actuelle sur les OGM et interdire également les nouvelles variétés de plantes manipulées. Ces variétés trafiquées ne doivent ni être semées dans les pays de l’UE ni être importées. Nous ne voulons toujours pas d’OGM dans nos champs ou dans nos assiettes ! »
Nous demandons que les scientifiques et les organisations savantes aient l’obligation de divulguer tout intérêt direct dans la commercialisation des OGM lorsqu’ils participent à des discussions sur la politique européenne en matière d’OGM. Les décideur·euses doivent prendre note de ces intérêts particuliers et les prendre en considération parallèlement aux positions prises par leurs interlocuteurs. Et les scientifiques indépendants, ceux sans conflit d’intérêts financiers directs, devraient toujours être représentés dans le débat. L’UE, enfin, doit soutenir une recherche sur la détection et les risques potentiels des organismes génétiquement modifiés menée par des scientifiques n’ayant aucun intérêt direct dans la commercialisation des produits génétiquement modifiés.
En savoir plus :
Les observations du rapport « Behind the Smokescreen » sont des estimations minimales. Seules des informations publiques ont été utilisées dans la compilation de ce rapport, et les accords de recherche confidentiels, par exemple, ne sont pas couverts. Une autre raison est que seuls les intérêts directs des individus ont été pris en compte. Le rapport conclut que l’on ne peut pas dire que ces groupes de scientifiques et ces chercheurs individuels défendent des politiques « fondées sur la science », et encore moins qu’ils représentent la « science ». Ils représentent un domaine limité de la science appliquée avec des intérêts matériels dans l’utilisation commerciale de la technologie GM en agriculture.
Etude complète : https://www.greens-efa.eu/fr/article/study/behind-the-smokescreen
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