Alors que le gouvernement est en pleine révision du « Plan Loup », le débat est davantage ravivé à la suite d’attaques contre des bovins en Saône et Loire. Certains élus du territoire instrumentalisent la situation et font pression pour que l’Etat autorise de nouvelles dérogations pour abattre des loups. A rebours de ces logiques, des solutions efficaces existent et doivent se construire collectivement pour protéger les troupeaux et permettre la cohabitation avec le loup et le lynx. Les jeunes éleveurs prennent déjà ce chemin.
Benoit Biteau, 1er VP de la Commission de l’Agriculture et de la Ruralité au Parlement européen :
« En tant qu’éleveur, je sais combien ces attaques sont des drames. S’il est inconcevable que les éleveurs soient condamnés à travailler la peur au ventre d’une éventuelle attaque, il est parfaitement illusoire de penser éradiquer le loup du territoire national.
Ceux qui promettent des lendemains sans risque pour les élevages parce que la Préfecture autoriserait davantage d’abattages de loups sont au mieux mal renseignés, au pire, des menteurs. A rebours de leurs idées reçues, abattre un loup peut être un facteur de stress sur une meute et conduire à davantage d’attaques. En outre, si c’est l’éradication totale qu’ils souhaitent, elle est inenvisageable dans un contexte où cette espèce traverse les frontières. »
Ni risque zéro, ni solution unique miracle
« Je suis convaincu que les solutions techniques doivent s’imaginer localement. Sur ma ferme, en plus de clôtures bien entretenues et d’une présence humaine importante, mon troupeau de chèvres poitevines est protégé par des baudets du Poitou, une espèce emblématique de ma région connue pour sa capacité à effrayer les prédateurs. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de risque, il y en a juste moins.
Il n’y a pas de solution miracle, mais un panel d’outils à mobiliser, différent pour chaque élevage et chaque structure. Cela nécessite que l’Etat s’engage à mettre des moyens, aussi bien techniques que financiers, et un système de dédommagement vraiment efficace en cas d’attaques.
Les éleveurs en plein air sont des piliers dans la lutte contre l’effondrement de la biodiversité. Notre engagement à leurs côtés est d’intérêt public. »