Autoriser l’épandage de pesticides par drones : un cheval de Troie à éviter à tout prix

Nous étudions cette semaine un projet de loi dangereux du bloc central visant à autoriser l’épandage de pesticides par drones. Une véritable folie qui pourrait avoir des conséquences graves pour la santé publique et l’environnement.

Un projet de loi qui repousse encore la sortie des pesticides

Ce texte représente une fuite en avant, qui retarde encore un tournant nécessaire pour sortir définitivement de l’utilisation des pesticides. L’agriculture, aujourd’hui, doit évoluer vers des solutions plus durables et respectueuses de l’environnement. Et pourtant, ce projet de loi ne fait que proposer une nouvelle technologie pour maintenir un modèle agricole qui montre plus que jamais aujourd’hui ses limites.

Actuellement, cette proposition encadre l’utilisation des drones pour l’épandage de pesticides sous des conditions strictes : pour les produits de biocontrôle, à bas risques ou certifiés AB, dans certaines parcelles agricoles, telles que celles avec une pente supérieure à 30% ou dans les bananeraies. Mais attention : ces restrictions pourraient être élargies par décrets dans le futur, ouvrant ainsi la porte à de nouvelles applications beaucoup plus larges et risquées. En votant ce texte, c’est une véritable boîte de Pandore que nous ouvrons. Une fois la brèche ouverte, il sera difficile de revenir en arrière.

L’ANSES et les résultats insuffisants de l’expérimentation

La loi Egalim de 2018 a permis une expérimentation de la pulvérisation par drones, jusqu’ici interdite, afin d’évaluer ses potentiels bénéfices sanitaires et environnementaux (article 82 de la loi n°2018-938). Les résultats de cette expérimentation ont été consolidés et analysés par l’ANSES dans une note d’appui scientifique. Et le constat est clair : les essais n’ont pas démontré que l’épandage par drones offre des avantages concrets pour la santé humaine et l’environnement.

Sur 74 essais réalisés, 67 ont été jugés méthodologiquement défaillants, ce qui empêche toute conclusion fiable. L’ANSES conclut que les données disponibles ne sont pas suffisantes pour démontrer l’efficacité de cette technologie, ni sa capacité à réduire la dérive des produits phytosanitaires ou l’exposition des travailleurs et des riverains. En l’état actuel des connaissances, aucune preuve solide n’a été apportée pour justifier cette nouvelle méthode.

Pourquoi s’entêter quand les données scientifiques ne prouvent aucun bénéfice ?

Quand les données scientifiques ne prouvent aucun bénéfice tangible, pourquoi s’entêter dans cette direction ? Pourquoi prendre le risque d’introduire une technologie qui, au contraire, pourrait compromettre la santé des travailleurs agricoles, des riverains et des écosystèmes ? Nous ne pouvons pas ignorer les avertissements de l’ANSES et des experts.

Revenir aux fondamentaux : l’agronomie au service de la transition écologique

Il est urgent de remettre l’agronomie au cœur de nos politiques agricoles. L’agronomie, cette science au service de la préservation de la fertilité des sols, propose des solutions qui sont à la fois écologiques et économiques. Ces solutions, loin des gadgets technologiques, sont beaucoup plus responsables et durables à long terme.

La véritable transition agricole repose sur l’agroécologie, qui allie respect de l’environnement, bien-être des agriculteurs et sécurité alimentaire pour tous. Plutôt que de s’aventurer dans un techno-solutionisme aveugle, il est grand temps de réorienter nos efforts vers des pratiques qui préservent nos sols, notre biodiversité et notre santé.

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