Les chefs d’état de l’Union européenne se réunissent aujourd’hui à Bruxelles. L’ordre du jour est copieux : ils doivent définir le budget de l’Union européenne pour les sept prochaines années. L’exercice est d’autant plus périlleux, que le départ du Royaume-Uni laisse un trou de 10 milliards par an que personne ne veut combler. L’Agriculture est au centre des débats et des tensions.
Le Parlement européen a fait connaitre sa décision, le futur budget européen doit augmenter par rapport à la période précédente, pour passer de 1 000 milliards d’euros à 1 300 milliards (et ainsi atteindre 1,3 % du PNB européen). Le Président du Conseil européen, Charles Michel propose de limiter le budget à 1 095 milliards d’euros ce qui se traduira immanquablement par une baisse des fonds alloués à la Politique Agricole Commune.
Les paysans ont de quoi s’inquiéter, car la proposition de réforme de la PAC, proposée en 2018 par Phil Hogan, Commissaire européen à l’Agriculture de l’époque, imposait une chute vertigineuse des fonds destinés au secteur agricole. Ils pourraient en effet chuter de 15 %, passant de 400 milliards à 360 milliards pour six ans. À l’heure de l’urgence climatique cette baisse drastique est inadmissible.
Les plus impactés par cette baisse de budget seront les fonds destinés à des projets de développement rural qui devraient baisser de plus de 25 %, ce qui aura un impact direct sur le nombre de conversions à l’agriculture biologique. Comment, déclarer « l’urgence climatique » tout en réduisant les ressources financières nécessaires pour accompagner la mise en place de pratiques respectueuses de la santé des consommateurs, de l’environnement et du bien-être des animaux. Comment mettre en œuvre un plan écophyto avec des objectifs ambitieux, si derrière rien n’est prévu pour former les paysans, protéger les zones de captages des sources et promouvoir la biodiversité animale et végétale ?
La France serait parvenue, selon ses dires, à fédérer 20 états sur 27 pour demander un maintien des fonds destinés à l’agriculture. Elle milite également pour la mise en place d’une défense européenne forcement financée au niveau de l’UE, sans proposer une augmentation de sa contribution financière pour combler le trou dans la caisse laissé par le Brexit. Ce manque de cohérence affaiblit la position du Président Macron, car, comme tout le monde le sait, il est toujours impossible, même à Bruxelles d’avoir le beurre et l’argent du beurre.
Je suis convaincu que l’Union européenne ne pourra jouer son rôle pleinement que lorsqu’elle disposera d’un budget conséquent, de nouveau alimenté par des ressources propres, qui lui permettront de mettre en place de véritables politiques européennes pour le transport, l’énergie, l’éducation, l’emploi et la recherche. Car sans budget, comment trouver des solutions urgentes face à la crise écologique et sociale que nous traversons ?
Toutefois, je suis persuadé qu’aucune avancée significative n’aura lieu aujourd’hui, car le Président Macron ne peut pas se permettre d’arriver au salon de l’agriculture dans deux jours pour annoncer aux agriculteurs qu’ils devront encore se serrer la ceinture. Le principal enjeu pour M. Macron, aujourd’hui, n’est pas de finaliser le budget européen, mais d’obtenir un délai supplémentaire auprès de ses collègues pour pouvoir parcourir les allées du Salon samedi sans se prendre de nouveau un œuf en pleine tête.