Crise climatique & accaparement de l’eau : notre patrimoine commun menacé

Alors que le Président Emmanuel Macron multiplie les effets d’annonce au Congrès mondial de la Nature à Marseille et que le Ministre de l’Agriculture Julien Denormandie élabore la doctrine gouvernementale en matière de gestion de l’eau via son “Varenne de l’eau”, les premières pelleteuses sont arrivées hier à Mauzé-sur-le-Mignon pour creuser une des premières méga-bassines du projet de la Coop de l’eau 79. Ce chantier illégal démarre dans un contexte extrêmement tendu localement.

Construire ces méga-bassines, c’est nier l’État de droit !

La guerre de l’eau a (re)commencé dans les Deux-Sèvres. C’est sur une surface équivalente à 25 terrains de football que les pelleteuses de la Coop de l’eau 79 sont en train de creuser la première méga-bassine agricole ; leur programme de construction en prévoit 15 autres. Pour l’instant, ces chantiers sont illégaux, comme l’était le barrage de Sivens, et interviennent alors même que plusieurs procédures sont en cours : le jugement rendu en mai dernier par le tribunal administratif de Poitiers demandait notamment de revoir les volumes autorisés de ce programme ; de plus, une procédure est engagée au Parlement européen pour vérification de la conformité de ces chantiers avec 9 directives européennes, dont la directive-cadre européenne sur l’eau.

Construire ces méga-bassines, c’est du vol, financé avec de l’argent public !

Ce démarrage de travaux précipité témoigne de l’arrogance des porteurs du projet et de l’inconséquence des décideurs politiques qui les soutiennent. Le juste partage de l’eau et la protection des milieux aquatiques est un sujet explosif. Si le Varenne de l’eau engagé par le Ministre Denormandie met surtout en lumière des “solutions” technicistes, sectorielles, court-termistes et autoritaires, sur le terrain, les citoyens s’emparent du sujet, les résistances s’organisent et les projets alternatifs se développent.

Construire ces méga-bassines, c’est s’accaparer un patrimoine commun !

Trouver des solutions viables et acceptables aux causes et aux effets du dérèglement climatiques ne peut se faire contre l’avis des citoyen-ne-s et des associations environnementales, sans un véritable projet de territoire, sans réflexion globale sur les conséquences de ces ouvrages sur les milieux aquatiques, surtout sur une zone aussi emblématique que le Marais Poitevin. Il ne s’agit pas de nier que l’eau et l’irrigation sont importantes pour l’agriculture. Mais simplement de rappeler que l’eau est un patrimoine commun, et qu’elle ne peut être accaparée par une minorité d’agriculteurs au détriment de l’intérêt général et de celui des générations futures.

Dans ce dossier de presse, nous revenons sur les enjeux de la gestion de l’eau en Europe et en France. L’accès de la ressource en eau est une des questions centrales de notre siècle. Dans un contexte de raréfaction dû notamment au dérèglement climatique, quels usages allons-nous prioriser ? Le refroidissement de nos centrales nucléaires, l’irrigation de monocultures de maïs pour nourrir du bétail élevé en bâtiment, l’eau du robinet ou la préservation des milieux aquatiques ?

 

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