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Mégabassines : « Le gouvernement soutient aujourd’hui des projets qui enfreignent la loi : où se trouve l’Etat de droit ? »

Dans une tribune au « Monde », l’eurodéputé Vert et agronome Benoît Biteau affirme l’urgence d’ouvrir un véritable dialogue pour redéfinir le partage de l’eau, notamment après les manifestations autour de la mégabassine de Sainte-Soline (Deux-Sèvres).

Malgré une mobilisation de plus de 7 000 citoyens [selon les organisateurs], les pelleteuses ont regagné la mégabassine de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), sous escorte policière. Le chantier a repris, alors que trois recours sont encore en instruction, dont un en appel à la suite de la condamnation de ce projet en première instance. Parallèlement, la préfecture de la Vienne a annoncé la création de trente nouvelles mégabassines.

Ni la justice, ni les voies d’expression démocratiques, ni les avis scientifiques n’arrêtent l’Etat dans son dangereux jusqu’au-boutisme. Et, pourtant, face à la montée des violences, il apparaît urgent d’ouvrir un véritable dialogue pour redéfinir le partage de l’eau.

L’Europe a connu une sécheresse estivale inédite. Les agriculteurs, qu’ils irriguent ou pas, ont perdu une grande partie de leurs récoltes en raison du manque de pluies, des rivières évaporées et des nappes à sec. Ils ne sont pas les seuls à souffrir : dans certains villages, l’accès à l’eau potable a été réduit, voire arrêté. Le parc nucléaire s’est mis au ralenti. La biodiversité, notamment des milieux aquatiques, a été affectée. Ces épisodes climatiques, dont l’intensité et la fréquence augmentent, accentuent la concurrence des usages de l’eau et nous inquiètent tous.

Au lieu d’écouter ces préoccupations, le gouvernement d’Elisabeth Borne a choisi la violence et le silence. Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, a occupé la scène médiatique une semaine durant, expliquant que cette manifestation était l’affaire de militants « écoterroristes ». Cette surenchère du vocabulaire n’était qu’un écran de fumée outrancier pour détourner l’attention collective de ce qui est en jeu dans le Marais poitevin.

 

Recharger les nappes

Sur le fond, il a fallu attendre une semaine pour entendre le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau. S’il « n’y a pas d’agriculture sans eau », comme il le répète à l’envi, il y a pourtant majoritairement de l’agriculture sans irrigation. En France, seules 6 % des surfaces agricoles sont irriguées et peuvent donc bénéficier de l’eau stockée dans des réserves. Les 94 % restantes, non irriguées, dépendent, de leur côté, de la pluie et du rechargement des nappes.

Quand le ministre explique que les volumes stockés dans les mégabassines sont pompés l’hiver « quand les nappes sont pleines », pour être utilisés l’été quand elles sont vides, il part d’un mauvais constat : les nappes souterraines, même l’hiver, ne sont pas pleines ! C’est bien là tout l’enjeu d’une autre gestion de l’eau. Avant d’envisager la construction de bassines, peut-être nécessaire, les territoires doivent être aménagés de manière à recharger les nappes. Ainsi, le réaménagement des méandres des cours d’eau et la restauration des zones humides facilitent l’infiltration en profondeur. Sans cela, les bassines seront un pansement sur une jambe de bois qui, au lieu d’apporter des solutions aux sécheresses, contribueront à aggraver les crises pour tous ceux qui sont privés de stockage d’eau.

 

Tribune à retrouver sur LeMonde.fr

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