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Ce qu’il faut retenir de l’édition 2020 du Salon de l’Agriculture

Depuis Samedi 22 Février, le Salon de l’Agriculture a ouvert ces portes, mettant un coup de projecteur sur les difficultés et enjeux que traverse la profession aujourd’hui. Je m’y suis rendu pendant plusieurs jours pour rencontrer les différents acteurs et échanger sur leurs préoccupations. Mardi 25 Février, je faisais notamment partie de la délégation écologiste, composée de mes collègues députés européens Claude Gruffat et Mounir Satouri, du secrétaire national et de la secrétaire nationale adjointe d’EELV Julien Bayou et Sandra Regol, ainsi que de nombreux candidats têtes de liste aux élections municipales.

 

Un Salon sur fond d’inquiétudes pour les consommateurs et les producteurs

La profession est aujourd’hui traversée par de nombreux questionnements portés par la société civile et les consommateurs, et dont les écologistes se font les porte-paroles. Ces demandes sont d’autant plus légitimes que l’activité agricole mobilise chaque année 14 milliards d’euros d’argent public pour la soutenir.

La première des inquiétudes est celle des consommateurs et des citoyens. Ils sont de plus en plus nombreux à s’élever contre l’utilisation massive des pesticides, en particulier à côté des écoles et des habitations. Le nombre de cancers a explosé depuis le milieu des années cinquante et les agriculteurs sont les premiers touchés par ce fléau. La production massive, industrielle et standardisée impacte la qualité nutritive des produits qui sont issus de ce modèle agricole et qui arrivent dans les supermarchés… La société souhaite que les pratiques agricoles évoluent.

Les effets du dérèglement climatique – printemps trop précoces, inondations, épisodes caniculaires, absence de pluies etc. – sont de plus en plus visibles. Ils génèrent une inquiétude légitime palpable dans les discussions dans les allées du salon.

Enfin, il y a la question de la santé économique de nombreuses exploitations agricoles. Aujourd’hui, la majorité des agriculteurs ne tire pas un revenu décent de leur travail. Dans certaines régions comme la mienne, l’eau est devenue une ressource rare accaparée par une poignée de grosses exploitations produisant de surcroit à grands renforts de pesticides et d’engrais de synthèse. A ceux qui se demandent « où va l’argent ? », je leur réponds qu’il va dans la poche d’un petit pourcentage d’agriculteurs ayant des exploitations gigantesques et hyper technicisées. Ils ne produisent que des céréales de basse qualité pour nourrir des usines à viande ou à lait dont la qualité douteuse ne permet pas de fabriquer ces fromages réputés participant à l’authenticité de la gastronomie française.

 

Comme toujours, le Salon fait la part belle à l’agriculture chimique

Au Salon de l’Agriculture, les stands des grandes sociétés qui font la promotion du modèle agricole chimique sont légions. Leur objectif est simple : tenter de rassurer les consommateurs sur l’impact des pesticides sur la santé, promouvoir les innovations techniques et les nouvelles machines, rendre tolérable l’élevage industriel sur fond d’arguments économiques douteux, et marteler la fausse idée qu’il est impossible de produire des denrées alimentaires sans utiliser des semences certifiées, accompagnées d’un cocktail d’engrais chimiques et de pesticides. Pour eux, si la majorité des agriculteurs sont en souffrance, c’est parce qu’ils ne sont pas allés assez loin dans le productivisme agricole imposé par leur modèle. Modernisation, innovation, numérisation, productivité, voilà leurs maîtres mots. Et si c’était le contraire ?

Ces entreprises sont nombreuses. Elles agissent à différents niveaux dans la promotion de ce modèle agricole chimique et intensif. Parmi eux, il y a par exemple le GNIS, Groupement National Interprofessionnel des Semences et des plants, dont la mission principale est de produire de nouvelles variétés : ils ont la main mise sur la ressource génétique, vont jusqu’à réclamer la propriété intellectuelle d’un patrimoine vivant façonné par la nature depuis des millénaires et ont l’indécence d’en faire un business en vendant chaque année leurs semences aux agriculteurs. Il y a aussi l’UIPP, l’Union des Industries de Protection des Plantes, sigle qui sert de paravent à des multinationales notoires comme Bayer, BASF et consorts. Eux se chargent de promouvoir les engrais chimiques et pesticides comme une innovation salvatrice et nécessaire pour dominer les cycles du vivant, sans qu’ils n’aient jamais chercher à les comprendre. Impossible de rater le Crédit Agricole, principal financeur de l’agrobusiness au centre du Salon, installé à quelques pas de la FNSEA, syndicat agricole au système tentaculaire verrouillant tous les espaces de décision et qui assure la défense des intérêts économiques de ces groupes via des lobbyistes dans les instances politiques françaises et européennes.

Ce système est devenu un carcan. Il entretient les agriculteurs dans une dépendance aux acteurs de la filière chimique et de ses caprices, accentuant leur vulnérabilité aux chocs économiques et aux événements climatiques.

 

Un autre avenir est possible !

Le cercle vicieux de l’agriculture chimique n’est pas une fatalité. Pourtant et heureusement, beaucoup d’exemples montrent que « c’est quand on est dans le rouge, qu’il faut faire plus vert ». L’agroécologie, en plus de répondre aux attentes des consommateurs en matière de santé, d’écologie et de climat, renforce l’autonomie des paysans et développe l’emploi en milieu rural.

L’agroécologie est une réponse au changement climatique. Elle permet aux agriculteurs d’être plus résilients : elle réduit notamment la dépendance à l’eau et au pétrole, et permet aux agriculteurs d’améliorer la qualité des semences de manière naturelle. Cette agriculture joue même un rôle dans l’atténuation des effets du changement climatique car elle permet le stockage du carbone dans les sols et participe au maintien de la biodiversité.

L’agroécologie propose également une autre vision de l’économie aux agriculteurs qui est plus rentable, moins dépendante des aléas de la bourse ou du prix d’achat fixé par les coopératives et plus économe car elle ne nécessite pas l’achat d’intrants onéreux. Elle dessine également une autre vision de « l’innovation ». Loin des robots, des drones et du big data, elle s’appuie sur une vision holistique, sur la connaissance, sur des réponses basées sur la nature et sur l’utilisation des phénomènes agroécologiques ainsi que sur l’innovation sociale qui rapproche les mangeurs des producteurs.

Notre société doit sortir de cette course au tout chimique et industriel ! Nous devons changer ce modèle agricole et réorienter la PAC vers un modèle d’avenir. Donnons du sens et des vertus à l’argent public investi dans l’agriculture !

  • Rose-Marie Libioulle
    28 février 2020 à 8 h 03 min

    Merci aux politiciens ecologistes français bien plus proactifs que nos ecolo belges et wallons qui ont une politique attentiste et bidounours. Pouvez vous vous les français secouez gentiment vos conféres lents à la detente à l image de l escargot de namur capitale de la wallonie…. Nous avons besoin de lievres et pas d escargots ni de limaces qui se regardent le nombrile. Le temps nous est compter.

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